L’art fait trop souvent partie des parents pauvres de l’éducation. Sous-estimé dans les programmes scolaires, déconsidéré dans les résultats (étrangement, les élèves sont plus félicités pour leurs bonnes notes en mathématiques qu’en art plastique ou en musique), il est pourtant d’une importance cruciale dans le développement de l’enfant. Des études ont même été effectuées sur ce sujet.
Quelles leçons tirer de l’apprentissage artistique à l’école ?
En 2015, Jean-Marc Lauret, chargé de mission d’inspection générale au ministère de la Culture, écrivait un essai intitulé L’art fait-il grandir l’enfant ? Dans cet ouvrage, il évoque plusieurs expériences menées dans les dernières années.
Ainsi, pendant 12 ans, deux groupes scolaires ont été observés ; l’un d’eux suivait un programme d’éducation artistique, l’autre s’en tenait strictement à l’apprentissage des matières dites fondamentales. Il s’est avéré que les résultats scolaires du premier groupe étaient nettement plus élevés que ceux du deuxième. Il a aussi été prouvé que l’apprentissage musical favorise le développement de la capacité cognitive, de la concentration et de la mémoire, a un impact positif sur les résultats en mathématiques comme sur l’apprentissage des langues étrangères.
De manière encore plus précise, des études ont prouvé que la pratique des arts plastiques améliorait l’apprentissage de la lecture. Mais surtout que l’éducation artistique joue sur la motivation à apprendre ou la participation des élèves pendant les cours et lui apprend à raisonner de façon abstraite et à émettre des hypothèses.
Comment jouer avec l’art ?
L’art fera d’autant mieux grandir en multipliant les rencontres avec ce dernier. Mais il ne suffit pas d’exposer des œuvres devant les enfants. Ainsi, les sorties scolaires au musée ou au théâtre sont toujours bienvenues. Mais elles auront un impact sur les futures habitudes culturelles des jeunes si ces sorties sont accompagnées d’échanges avant et après la visite. Il ne s’agit pas de laisser le jeune seul face à sa découverte comme face à son ressenti.
Ont ainsi été identifiés huit piliers d’un projet d’éducation artistique efficace :
- un chef d’établissement impliqué,
- l’intégration dans les équipes de spécialistes des arts,
- la mobilisation des enseignants non spécialistes pour introduire une dimension artistique dans leurs enseignements,
- une collaboration fréquente avec des artistes,
- l’implication de la communauté locale et des parents,
- l’intégration dans le projet éducatif global de l’établissement,
- une formation des enseignants,
- des espaces dédiés aux pratiques artistiques et la valorisation des travaux des enfants.
Sans oublier que cette confrontation à l’esthétique, ou même au laid, à l’étrange, est aussi formatrice pour les plus jeunes que pour les plus âgés. Les premiers traits des bambins balisent le chemin vers l’apprentissage de l’écriture quand les poèmes torturés (ou les slams) des adolescents les aident à traduire leurs pensées.
Mais ce qui reste le plus important, en dehors d’une découverte de ce qui existe et d’une réelle pratique artistique, c’est de laisser l’art accompagner l’enfant sans contrainte de résultat. L’art le fera grandir, apprendre à exprimer, à réfléchir… autant de compétences transversales qui ne s’inscrivent pas toujours sur les bulletins scolaires mais qui sont pourtant essentielles.