Régulièrement, les modèles d’éducation scandinave sont vantés pour leur qualité. Et plus particulièrement quand sortent les classements PISA, dans lesquels les écoles nordiques, et plus particulièrement finlandaises, sont particulièrement bien placées. En tout cas, nettement mieux que la France. Relever qu’ils feraient « mieux » que nous est une chose. Mais peut-on vraiment reproduire leurs techniques chez nous ?
Quelles sont les principales caractéristiques du modèle finlandais ?
De toutes les écoles scandinaves, celles de Finlande sont les plus réputées. Là, non seulement les élèves apprendraient de manière plus efficace, mais ils abandonneraient aussi moins l’école, y seraient plus heureux, moins violents et s’inséreraient mieux dans le monde du travail… Bref, tout ce que l’on attend d’un enseignement idéal.
Concrètement, vu de l’extérieur, à quoi cela ressemble-t-il ?
Des journées plus courtes et aérées
Non, les élèves finlandais ne vont pas plus à l’école que les autres. Au contraire. Tout d’abord, concrètement, l’école ne commence qu’à 7 ans. Pas à 6. Ni même à 3 pour les maternelles. L’idée est qu’avant, ils doivent avant tout jouer, s’amuser, découvrir leur corps.
Ensuite, leurs journées d’école sont plus courtes que les autres. Vers 13-14 h en primaire, pour aller jusqu’à 16 h 30 environ au lycée. Sans que ne s’y ajoutent des devoirs excessifs (juste un peu, pour garder le lien entre l’école et la maison).
Et durant la journée de classe, les pauses sont fortement encouragées : 15 minutes d’exercices dehors toutes les 45 minutes en primaire, par exemple. Les élèves ont donc plus d’occasions de se défouler, sans devoir à tout prix rester attablés sans bouger pendant des heures. Ce qui nous amène au point suivant.
Une école en mouvement
Tout le monde se plaint que les enfants d’aujourd’hui ne se remuent pas assez. Ce n’est plus le cas en Finlande. En plus de les inciter à se dépenser avec des récréations plus fréquentes, de nombreux cours sont organisés en extérieur.
Et même quand ils sont en classe, ces dernières sont loin d’être figées. Pour un même cours, vous retrouverez des élèves assis sur un pouf, allongés par terre, en déplacement d’un point à l’autre… Tant qu’ils ne gênent pas les autres, ils ont le droit de bouger. Ils seraient ainsi également plus apaisés et moins agressifs. D’ailleurs, l’incivilité en classe ou entre élèves y est nettement plus rare que chez nous.
Des cours variés et choisis
Et puisque l’on parle des cours en extérieur… Ce n’est pas seulement pour les SVT. Depuis 2015, l’accent est mis sur les sujets plus que sur les notions. Ce qui implique que l’on ne va plus seulement leur enseigner la géographie, mais plutôt avoir un cours sur l’Union européenne, qui mélangerait des éléments d’économie, d’histoire des pays concernés, de langues étrangères et de géographie. Un procédé que l’on a tenté d’introduire en France avec les EPI.
De même, les élèves choisissent eux-mêmes, dans ce qui pourrait s’apparenter à un catalogue, les notions qu’ils veulent aborder. L’autonomie, le fait de prendre ses responsabilités et de faire ses propres choix, mais aussi d’être partie prenante de ses apprentissages, sont autant de points encouragés. Et chaque école propose aussi des cours de cuisine, de menuiserie, d’art… Sans jamais dénigrer une compétence au profit d’une autre. Les classes comprennent aussi des effectifs plus réduits (rarement plus de 20 élèves au lycée).
Une formation des enseignants
En France, pour devenir enseignant, il faut passer un concours après ses études. En Finlande, le concours se passe après le bac. Ensuite, pendant 5 ans, les futurs enseignants sont formés à la pédagogie, comme aux moyens de repérer et d’aider les élèves en difficulté. Leur formation continue est ensuite plébiscitée.
Et, par ailleurs, ces mêmes enseignants ne sont pas soumis à des examens et bénéficient d’une plus grande liberté pédagogique. Parce que la formation qu’ils ont reçue est suffisante. Ils se considèrent d’ailleurs plus comme des accompagnants d’apprentissage que comme les personnes « sachantes » d’une classe, dépositaires d’un savoir.
Peut-on transposer la méthode finlandaise à la France ?
Le modèle finlandais est tentant. Mais certains pourraient croire qu’il est plus coûteux. Des classes plus petites, uniquement des écoles publiques, de vrais investissements en matériel… Pourtant, ce n’est pas une question de moyens qui empêcherait de l’importer dans nos contrées.
Par contre, il nécessite un véritable changement de paradigme. Il faut accepter que la classe ne soit plus un lieu où l’enseignant est le maître et les élèves ses subalternes. Où les savoirs fondamentaux ne sont plus toujours considérés comme prévalents sur les autres. Où l’accent est mis sur la formation des enseignants et pas sur leur savoir générique.
Il faut cependant reconnaître quelques différences qui peuvent rendre difficile la transposition d’un modèle à l’autre :
- la langue scandinave, à l’écrit comme à l’oral, est beaucoup plus facile à apprendre que le français
- l’éducation française s’est fondée sur les écoles privées, et les classements entre les écoles, et beaucoup de parents ont encore du mal à admettre que toutes les écoles puissent se valoir
- le modèle scandinave n’éprouve aucune hésitation à se remettre en question quand il est en difficulté, comme il l’a fait début 2016 pour analyser l’échec scolaire des enfants d’immigrés. Ce qui n’est pas toujours le cas du système français, autant du point de vue des dirigeants que des enseignants.
Alors que les Finlandais mettent en ce moment l’accent sur la capacité de raisonnement, de déduction et d’autonomie, l’éducation nationale française préfère s’appuyer sur les fondamentaux à l’école, comme la dictée. Deux visions différentes, qui semblent encore difficilement conciliables.